LETTRE D INFORMATIONS

 

Lettre d’information de l’association Chantepie Solidarités Nord Sud

Bulletin d’informations n°5 – janvier 2017

 

Le mot du Président

Le Burkina Faso en ce moment semble en pleine mutation. Après deux ans de turbulences, le gouvernement relance l’économie, et met en œuvre son plan « PNDS » : réformer les institutions, refonder l’administration. Les chantiers sont nombreux, et les objectifs gouvernementaux recoupent souvent les préoccupations qui sont les nôtres à Kamadena : éducation, hygiène, traitement des déchets, structuration de la filière maraîchère, développement de l’énergie. La région Bretagne a engagé un partenariat pour le développement de l’agriculture, initié en 2012, reconduit pour 3 ans en mars 2015.

Face au nombre considérable d’Associations qui interviennent au Burkina Faso (30 pour le Finistère, plus pour l’Ille-et-Vilaine), la Région Bretagne a organisé le 22 novembre 2016 une journée de rencontres et de réflexion sur les partenariats avec le Burkina Faso, à laquelle deux d’entre nous ont assisté. Cette journée, outre le fait qu’elle nous a permis de rencontrer d’autres acteurs et donc de favoriser une mise en réseau, a eu le mérite de poser un certain nombre de questions sur le sens de notre engagement, ses limites et l’éthique qui doit guider notre action. Je reprendrai à mon compte une remarque du Président Sangaré : « Une démarche interculturelle est indispensable. Nous parlons la même langue, mais très souvent nous ne nous comprenons pas. Et quand une ONG s’en va, une fois le projet terminé, tout part à vau l’eau. Il y a nécessité absolue que les acteurs soient impliqués dans l’élaboration, la gestion, le financement l’évaluation du projet. »

La réflexion se poursuivra tout au long de l’année, et donnera un nouveau souffle à notre Association. C’est l’occasion pour moi de vous renouveler mes vœux de bonne année !

Jean-Claude Massot, Président

 

KAMADENA

Du 9 au 20 novembre 2016, Mélanie Le Moign et Daniel Vauléon ont séjourné à Kamadena. Ils nous racontent leur séjour et font le point sur les actions en  cours.

Dimanche, alors que nous étions à peine arrivés à l’entrée du village, la foule était là avec les « chasseurs » en costumes traditionnels et fusils pour fêter notre retour. Dans la cour de l’école où se tenaient les enfants, les anciens, les membres de l’APE (Association des Parents d’Elèves) et les membres de l’AME (association des mères éducatrices), se sont succédé, au milieu des chants et des danses.

Beaucoup d’émotion, des sursauts aux coups de fusils, de rires…

Lundi matin, accompagnés de Dikkié, Sanou Dizoun, Tamou, Kadjita et d’autres membres de l’APE et de l’AME, nous sommes allés présenter nos condoléances à la famille du Vieux Dizoun. Sa première femme, ses frères, et quelques-uns de ses 20 enfants nous attendaient dans la concession. Les photos remises à la famille ont tourné entre les gens, émus. Le courrier de Jean Claude a été lu également et remis au fils ainé de Dizou,  dont les yeux rieurs ressemblent tellement à ceux de son père. Un hommage à Suzanne a aussi été rendu.

De lundi à mercredi nous avons rencontré les membres des différents groupes afin de faire le point sur l’avancement des projets et de visiter des sites clefs (moulin, maraîchage, établissements). Millogo Dié, le directeur de l’école, ainsi que Dikkié, nous ont beaucoup aidés pour les traductions car même parmi les nouveaux membres, tous ne comprennent pas le Français et surtout ne s’expriment pas.

L’école  Millogo Dié est directeur depuis deux ans, l’école compte 6 enseignants + 2 personnes pour renforts et remplacements.

Les classes sont toujours chargées : CP1 : 85 enfants – CP2 : 65 enfants – CE1 : 68 enfants – CE2 : 66 enfants – CM1 : 71 enfants – CM2 : 77 enfants

30% des élèves ont été admis au collège fin 2014-2015 ; ceci s’explique par des années où les cours ont été moins bien assurés et parl’institution d’une journée continue – faute de ressources pour la cantine –  qui limite la pose du midi à 2h, ce qui ne permet pas aux enfants de rentrer manger chez eux.

L’école a toujours besoin de lumière, de manuels, d’une cantine ; et aussi d’une réfection des sols, d’ordinateurs pour les enseignants, et … d’actes de naissance pour les élèves désireux de passer le certificat d’études primaires. Nous avons discuté à ce sujet avec le 1er Adjoint au maire, Konaté Yacouba.

 Le collège a un nouveau directeur, Vincent Sama et huit professeurs. Il est actuellement hébergé dans deux locaux non attribués. Il compte en 6eme : 62 élèves, en 5eme : 54 et en 4eme : 17. Les élèves viennent de 4 ou 5 écoles différentes.

La construction d’un nouveau collège est en cours pour 3 classes. Les besoins sont nombreux : eau, latrines, une classe de 3°, un bureau pour le directeur. Nous avons recontré des représentants du Ministère de l’Education –actuellement une grève dans l’éducation est en cours pour protester contre le manque de moyens alloués.

L’APE (président : Tamou) l’association des Parents d’Elèves devrait renouveler son Bureau en 2017 ; l’équipe actuelle est fatiguée.

En 2014, ils ont assuré la réparation de la pompe de l’école, rénové mât et drapeau et développé l’activité sportive.

Les sols endommagés des classes n’ont pas été réparés en raison d’une mésentente sur l’appel aux maçons. Le ciment est pourtant acheté. Nous ferons en sorte que ces travaux soient faits pour la fin de l’année.

  L’AME : l’association des mères éducatrices a un nouveau bureau depuis novembre 2016 (seule Kadjita est restée de l’ancien bureau). Présidente : Niessi Konaté.

Parmi les femmes au moins 3 ou 4 comprennent bien le français mais n’osent pas trop s’exprimer en public.

La Présidente nous a paru discrète mais lorsque les femmes sont entre elles elle semble bien mener le groupe.

L’AME, comme l’APE a été créé par l’Etat (politique nationale). Son objectif est d’assurer l’accompagnement des enfants à la maison (hygiène, alimentation). Les membres de l’AME assurent aussi la préparation des repas de la cantine mais il n’y a plus de dotation de vivres par l’Etat et les parents n’ont pas assez pour fournir.  Pour rappel, les besoins pour 400 enfants sont de 25 kg céréales/jour = 7 500 CFA. Ce nouveau groupe semble volontaire mais a besoin de l’appui des hommes pour mener à bien les projets. Nouveautés : la tine de céréales est ramenée de 50  à 35 CFA et l’indemnité de déplacement pour Nouna de 4 000 à 2 000 CFA.

Le projet de reconstruction des latrines de l’école va pouvoir être lancé par le CEPS .

Projet banque alimentaire porté par Kienou Joseph

Contexte : les mauvaises récoltes ces 3 dernières années en raison de pluies excessives (inondation) ou insuffisantes à d’autres périodes font que très souvent les familles se trouvent démunies à la fin de la saison, et doivent acheter cher ce qui leur manque. Le principe pour lutter contre la spéculation est de réaliser un achat de céréales au prix bas en novembre, de le stocker et de revendre à très faible marge en mai lors de la soudure.

Un travail est actuellement mené sur le projet : planning, prix de vente, bénéficiaires. Lors du bilan en mai et si la gestion est viable, nous envisagerons la possibilité de le soutenir  dans le temps.

Le maraichage est le premier lieu que nous ayons visité avant même l’arrivée au village. Le projet semble bien implanté : le portail est bien en place, la clôture correcte, des bassins pleins d’eau. Des aménagements pour l’irrigation sont visibles, des hommes arrachent les souches, extirpent les racines après un léger brûlis. Des choux, tomates, oignons sont repiqués, un bananier et des arbustes condimentaires de l’année dernière sont prospères. Les récoltes de mil et sorgho n’étant pas achevées toutes les parcelles ne sont pas encore en culture mais certains ont tiré de bons bénéfices du maraichage en 2015 et commencé à préparer la saison prochaine.

La pompe solaire équipée de son compteur alimente bien le réservoir. Les bassins des parcelles cultivées sont remplis.

Pour compléter cela, le poulailler est clos, et les poules sont dans la cabane !

 Quelques interrogations sur la gestion de l’eau : le remplissage du réservoir est réalisé sans fermeture des vannes de distribution et il craignent qu’à la mise en culture de toutes les parcelles le débit d’alimentation ne permette pas un apport d’eau suffisant pour leur système d’irrigation ponctuel par rigole. Une réflexion sur la gestion de l’eau est à creuser (paillage, arrosage raisonné …).

Autre problème : des inondations à craindre en saison des pluies : cultures à adapter ?

 Malheureusement, les comptes APE mentionnent des achats d’engrais via un « conseiller agricole » qui oriente les cultivateurs vers ces produits nocifs. Nous avons essayé de les sensibiliser à une agriculture saine et leur avons exposé l’intérêt de former quelqu’un à des pratiques efficaces et respectueuses de l’environnement.

 Le maraîchage s’est doté d’un nouveau Bureau mixte (avec une personne pouvant lire, écrire, compter) en novembre 2016 ; son président est Richard Paré. Malgré cela et le fait qu’elles aient la moitié des parcelles, nous n’avons pas vu de femmes au terrain : les travaux de dessouchage sont peut-être trop durs ? L’évolution des cotisations est envisagée à 5 000 CFA/an/parcelle (cultivée ou non). Il y a un réel besoin d’un gardien. Et en ce moment, il y a litige sur le 6 parcelles restant à affecter (occupées par le gravier de Norbert Traoré)

Le moulin

Le moulin – à deux trémies (sorgho, mil, riz / karité) – a été réparé en 2015, remis en route début 2016 avec une gestion accompagnée par Dikkié ; la reprise est progressive  (7 800 CFA => 16 500 CFA en avril). Mais suite à des litiges, Dikkié n’a plus suivi la gestion et le meunier a démissionné. Il faudra donc que le nouveau bureau s’installe pour accéder au compte, trouve un meunier, relance la gestion (Dikkié + une femme). Une assemblée publique est prévue en fin de mois.

La décortiqueuse

L’objectif est de regrouper la décortiqueuse et le moulin, de construire le bâtiment sur un terrain proche du marché : le procès verbal de cession de terre est établi. Ils ont choisi une pierre latérite qui ne nécessite pas d’entreien contrairement au banco. Reste à débloquer le financement, acheter la décortiqueuse choisie et construire le bâtiment.

 Le Centre de Santé

Nouveau major depuis novembre 2016 : Boukoungou Ousman

Le centre est toujours actif : 1 accouchement par jour, entre 200 et 700 consultations par mois – notamment pour paludisme et infections respiratoires aigues – gratuité des accouchement et des soins jusqu’à 5 ans.

Mais les bénéfices de la pharmacie ont baissé, il n’y a plus d’électricité et l’état des patients a tendance à se dégrader.

Le bilan 

Le dernier jour au village nous avons remis les sommes financières devant l’assemblée ; et aussi des cadeaux, des graines et de 2 PC portables qui sont confiés à l’école. L’équipe pédagogique a établi un règlement d’utilisation ouvrant l’usage des PC aux représentants des associations le samedi et dimanche matin.

Nous avons remercié pour les cadeaux faits par le  village : des poulets, des pagnes, des grains de haricot. Nos remerciements vont particulièrement à Millogo Dié qui nous a accueillis, et aux associations, l’AME surtout, qui nous ont pris en charge.

Les actions sur la commune de Chantepie :

Le salon Terre et flamme, plus important que l’an dernier, a connu un vrai succès. Nous y avons assuré la petite restauration durant quatre jours. Le prochain salon aura lieu l’an prochain du 28 octobre au 1° novembre. Mais nous décidons de n’assurer que le bar, laissant la restauration à des professionnels. Cela nous permettra d’être plus présents lors de la semaine de la solidarité qui occupera l’an prochain 3 week-ends en novembre.

La Galette des rois s’est déroulée le vendredi 13 janvier 2017 à 20h salle des Marelles. Nous y avons présenté un diaporama du séjour de Mélanie et Daniel.