Cet été, 6 jeunes (de 19 à 25 ans) sont partis à Kamadena dans le village du Burkina Faso, à 300 Km nord-ouest de la capitale Ouagadougou.
Ils vont faire un compte rendu lors de la soirée du 16 octobre mais nous pouvons rapporter ici quelques points de vue nouveaux sur la vie des villageois.
Premier enseignement c’est que le Burkina en période d’hivernage (c’est à dire de pluie, cette année depuis le 19 juin), c’est vert, c’est un autre Burkina que celui que nous connaissons, celui de la période sèche. Les villageois sont accaparés par les travaux des champs. Ces champs peuvent être quelques fois assez loin du village (5 à 6 km couramment). Les hommes partent dès le lever, vers 6h du matin, avec une charrette tirée par un âne. Les femmes viennent les rejoindre ensuite avec la nourriture qu’elles ont préparées. Ceux qui ont des boeufs peuvent les utiliser pour labourer et biner entre les rangs . Mais le semis de mil, principale culture, et le reste du binage doit être fait manuellement. Ils sont courbés avec pour tout instrument la daba, sorte de houe à manche court. Les engrais sont rares, les paysans ne peuvent en acheter que pour le coton et le sésame, cultures d’exportation.
Nous avions du mal à comprendre pourquoi le jardin de l’école n’était pas, en partie, réalisé par l’association des mères éducatrices. C’est, tout simplement parce qu’elles n’ont pas le temps. Les enfants, à partir de 6 ans, sont mis à contribution : ils gardent les troupeaux et conduisent les boeufs dans les champs pour le labour ou le binage.
La deuxième observation concerne le centre de santé et de promotion sociale (CSPS). Le dispensaire est en cours de finition, il sera en service probablement fin octobre ou novembre. Nous avons vu le CSPS en plein fonctionnement avec un rythme de plus d’une naissance par jour. Actuellement seul le bâtiment maternité est en service mais les malades affluent de Kamadena et de 5 autres villages
avoisinants. Les 4 lits de la maternité sont souvent occupés par des malades en cours d’hospitalisation. Nous avons vu 4 femmes, qui venaient d’accoucher, contraintes d’être sur le sol, sur un léger tapis de mousse, avec leur nourrisson. L’un d’entre eux était prématuré. Il est donc temps que le deuxième bâtiment soir en service et que soit nommé une troisième personne -un personnel itinérant qui fera vaccination et prévention dans les villages. Le major et la matrone sont extrêmement sollicités jusqu’à des heures avancées dans la nuit; plusieurs fois le major a travaillé jusqu’à 4 heures du matin lorsque nous étions là. Mais voilà il faut un logement pour cette troisième
personne et la matrone qui est logée, pour l’instant, ‘en ville’. Les villageois se sont engagés à réaliser un logement et le maire de Dokuy (qui regroupe plusieurs villages dont Kamadena) prendra en charge la construction d’un logement ainsi que l’équipement électrique du centre de santé (panneaux solaires). Actuellement « la seule énergie consommée au CSPS est du gaz pour le réfrigérateur.
Malgré leur occupation les villageois ont, comme d’habitude, montré beaucoup de sollicitation à notre égard. Ils ont fait preuve d’organisation pour que, par exemple, il y ait toujours quelqu’un avec
les jeunes sur le chantier. Un tour de rôle était donné, chaque jour une personne participait au nom d’un quartier du village : le quartier des Dioula, des Peuls, des Dogons, des Mossis, …
Il nous faudrait parler encore des rapports très cordiaux que nous avons entretenu avec une partie du village et notamment avec le directeur de l’école revenu de congé spécialement pour nous accueillir. Nous sommes revenus avec plusieurs projets: la construction d’un nouveau logement pour les enseignants puisqu’ils sont 7 en permanence maintenant, la .mise en place de panneaux solaires pour l’école et, à plus long terme, l’élaboration d’un plan pour améliorer la production agricole. Nous aurons l’occasion d’approfondir ce projet dans les mois qui viennent.
Quant aux jeunes qui ont participé au chantier nous sommes heureux qu’ils aient pu faire cette découverte ‘exceptionnelle’ -ce sont leur terme- de ce village d’Afrique. Malgré les conditions rudes de voyage, d’habitat et de nourriture ils gardent une énergie et un enthousiasme qui conforte le pari que nous avons fait en organisant ce chantier. Et le fait que plusieurs d’entre eux vont poursuivre au sein de l’association le travail avec Kamadena est un signe clair de leur engagement.